Déni de grossesse : être enceinte sans le savoir
Chaque année en France des milliers de femmes font un déni de grossesse. Comment peut-on être enceinte sans le savoir ? Quels sont les symptômes du déni de grossesse ? Comment se passe la prise en charge de ces femmes ? On vous explique tout.
C’est quoi un déni de grossesse ?
On parle de déni de grossesse quand une femme est enceinte sans en avoir conscience. Il existe deux types de déni de grossesse :
- Le déni partiel : la grossesse est découverte avant le terme mais après le premier trimestre.
- Le déni total : la femme découvre sa grossesse le jour de son terme et donc de son accouchement.
Symptômes du déni de grossesse
Les femmes concernées n’ont pas ou peu des symptômes évocateurs de la grossesse :
- Elles ne prennent pas ou peu de poids.
- Elles n’ont pas de nausées ou de vomissements ou bien les attribuent à des problèmes digestifs. Elles n’ont pas d’hypersensibilité aux odeurs ou de troubles de l’appétit.
- Elles n’ont pas le ventre qui s’arrondit car l’utérus ne va pas augmenter son volume en largeur mais seulement en longueur. Parfois le fœtus se développe en étant recroquevillé derrière les côtes.
- Elles n’ont pas de mastodynie c’est-à-dire de douleurs mammaires, de seins tendus, gonflés ou lourds.
- Il n’y a pas d’arrêt des règles. Les saignements vaginaux peuvent être identiques à ceux des menstruations ou bien plus irréguliers et moins abondants.
- Il n’y a pas de pertes vaginales anormales.
- Elles ne ressentent pas le fœtus bouger ou associent le mouvement à des problèmes de digestion.
- Elles n’ont pas de douleurs dans le bas-ventre ou bien les associent à des problèmes de transit: diarrhée, constipation, ballonnements...
- Elles ne remarquent pas de sautes d’humeur ou de changement au niveau psychologique.
Parfois l’un ou l’autre de ces symptômes sont présents mais sont mal ou pas interprétés. Une femme qui a des nausées mais continue d’avoir ses règles normalement peut ne pas faire le rapprochement avec une grossesse. De plus, certaines de ces femmes ont un moyen de contraception comme la pilule, le stérilet (DIU) ou un implant. Par contre, si un test de grossesse est effectué, il détecte quasiment toujours la présence d’un embryon ou d’un fœtus.
Quelles sont les causes du déni de grossesse ?
Le déni de grossesse est causé par un mécanisme psychique extrêmement intense. La femme est tellement persuadée de ne pas pouvoir tomber enceinte ou elle ne veut tellement pas l’être que son corps occulte les signes de grossesse. Son inconscient enclenche un processus défensif et commande à son corps de masquer sa grossesse afin qu’elle ne doive pas affronter la réalité.
C’est pourquoi les femmes qui sont le plus touchées par le déni grossesse sont:
- Celles qui ne veulent pas d’enfant et prennent une contraception. Elles sont persuadées de ne pas pouvoir tomber enceinte.
- Les femmes qui croient être stériles et ont bien souvent été diagnostiquées comme telles lors d’un bilan d’infertilité.
- Les femmes victimes d’une agression sexuelle ou d’un trauma sexuel comme le viol.
A noter que les femmes qui font un déni de grossesse proviennent de tous les milieux sociaux et professionnels. Elles peuvent avoir déjà eu des enfants ou non.
Combien de femmes sont concernées ?
On pense souvent que le déni de grossesse est un phénomène très rare. Pourtant d’après un rapport publié par le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français ( CNGOF), il concernerait 1 naissance sur 500 et 38% des dénis seraient totaux.
Il ne faut pas confondre le déni de grossesse avec les grossesses cachées, beaucoup plus fréquentes. Dans ce cas, contrairement au déni qui est inconscient, la femme sait qu’elle est enceinte mais décide de garder le secret et de masquer au maximum les signes de grossesse.
Comment se fait le diagnostic d’un déni de grossesse ?
Dans le cadre d’un déni partiel, la découverte de la grossesse a souvent lieu lors d’un examen gynécologique de routine. La femme se rend chez son médecin généraliste, son gynécologue ou sa sage-femme pour une consultation de suivi. En plus d’un frottis vaginal, le praticien peut être amené à réaliser une échographie de contrôle et ainsi repérer la grossesse. Parfois la femme fait une prise de sang car elle se sent fatiguée ou a une infection urinaire. On détecte alors un taux élevé de Hcg, l’hormone de la grossesse. Généralement en quelques heures ou quelques jours, le ventre s’arrondit.
Certaines femmes découvrent aussi leur grossesse en faisant une fausse-couche, ce qui est très brutal. En cas de déni total, il n’y a pas de diagnostic. La levée du déni s’effectue au moment de l’accouchement.
Quelle prise en charge pour les femmes victimes d’un déni de grossesse ?
L’interruption volontaire de grossesse (Ivg) est une option possible pour les femmes qui découvrent leur grossesse avant la fin de la 14ème semaine. Les autres vont devoir accoucher.
Le déni de grossesse est extrêmement traumatisant, surtout lorsqu’il est total. La femme qui découvre qu’elle est enceinte au moment de son accouchement est généralement déboussolée et en état de choc. Un suivi psychologique dédié est mis en place à l’hôpital afin d’accompagner la femme dans cette épreuve, peu importe qu’elle décide de reconnaître et garder l’enfant ou d’accoucher sous X pour qu’il soit adopté.
Quelles sont les conséquences pour l’enfant ?
Le risque de fausse-couche ou de grossesse extra-utérine lors d’un déni de grossesse n’est pas plus élevé que dans la population générale. La croissance du fœtus se fait aussi normalement, les bébés ne présentent donc pas plus de malformations. On peut même accoucher de jumeaux ou de triplés ! Les mamans qui choisissent de garder les enfants issus d’un déni de grossesse parviennent le plus souvent, grâce à une aide psychologique, à tisser un lien affectif profond avec leur enfant même si cela peut prendre un peu plus de temps. Parfois l’allaitement est plus compliqué car la lactation tarde à venir. Il peut se passer plusieurs jours avant que le nouveau-né puisse téter.
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