La synchronisation des règles

May 30, 2023 par Nikita

On entend souvent dire que les personnes menstruées, les femmes d’une même famille, les meilleures amies ou les colocataires auraient leurs règles en même temps. Ainsi, d’après la théorie de la synchronisation menstruelle, les femmes qui sont proches pourraient observer un alignement de leur cycle et de leurs menstruations. Sur quoi s’appuie cette théorie ? Est-elle fondée ? On répond à toutes vos questions dans cet article. 

C’est quoi le cycle menstruel ? 

De la puberté jusqu’à la ménopause, les femmes sont soumises à leur cycle menstruel. Il s’agit d’une succession d’étapes physiologiques qui dure en moyenne 28 jours et s’interrompt à l’occasion d’une grossesse.

Ce cycle féminin comporte 4 étapes :

1) La phase folliculaire ou œstrogénique

La production d’hormones oestrogènes augmente ce qui a pour conséquence d’épaissir l’endomètre, la muqueuse de l’utérus et de le préparer à accueillir un embryon. Dans le même temps, la sécrétion de l’hormone folliculo-stimulante (FSH) stimule les follicules ovariens, ces sortes de petites bourses contenues dans les ovaires qui produisent les ovocytes. 

2) L’ovulation

Lorsque qu’un ovocyte est arrivé à maturité, il est libéré par l’ovaire et rejoint la trompe de Fallope. C’est à ce moment qu’il peut, en l’absence de contraception, être fécondé par un spermatozoïde. La période de fécondité s'accompagne de nombreux symptômes et signes typiques de l'ovulation. Pour calculer votre période d'ovulation, il existe plusieurs méthodes fiables. Lors d'un cycle long c'est la phase pré-ovulatoire qui dure plus longtemps par rapport à la durée d'un cycle normal : la phase post-ovulatoire dure généralement 14 jours. 

3) La phase lutéale

Le follicule vide se transforme en une structure appelé corps jaune qui produit des oestrogènes mais surtout de la progestérone. Cette hormone  stimule l’endomètre qui s’enrichit de nutriments pour se préparer à accueillir un bébé. En l’absence de fécondation de l’ovocyte, les taux d’hormones chutent brutalement. 

4) La phase menstruelle ou les règles

Lorsqu’il n’y a pas de grossesse, la muqueuse utérine se décompose et est évacuée par le vagin sous forme de pertes sanguines et de caillots : ce sont les règles. Ces saignements peuvent être plus ou moins abondants. Cette phase dure en moyenne entre 3 et 7 jours et s’accompagne souvent de douleurs menstruelles ( dysménorrhée) comme des crampes dans le bas-ventre. C’est particulièrement vrai chez les femmes qui souffrent d'endométriose. On considère que le premier jour des règles correspond au premier jour d’un nouveau cycle. A noter que de nombreuses femmes connaissent des fluctuations de leur cycle et des règles irrégulières

La théorie de la synchronisation menstruelle : un mythe ?

Dans les années 70, une psychologue américaine, Martha McClintock, a développé une théorie aujourd’hui connue sous le nom « d’effet McClintock » ou « d’effet dortoir ». En observant les cycles menstruels de 135 étudiantes qui partagent le même dortoir à l’université, elle remarque que les élèves ont tendance à avoir leurs règles en même temps : c'est ce que l'on appelle le cycle syncing (synchronisation du cycle menstruel en français)

Elle a ainsi émis l’hypothèse que les femmes produiraient des phéromones spécifiques pendant leurs menstruations. Ces molécules chimiques inodores seraient alors captées par les autres femmes et leurs cycles menstruels se synchroniseraient. 

Aucune preuve scientifique de la synchronisation menstruelle

Depuis les années 70, de nouveaux travaux ont été menés afin de vérifier cette théorie. Ainsi en 2017, trois chercheurs britanniques se sont penchés sur la question. Ils ont analysé les cycles de 360 femmes afin de détecter d’éventuelles synchronisations. Finalement le résultat de cette enquête s’est avéré peu concluant : la plupart des femmes n’avaient pas leurs règles en même temps que leurs proches. 

A l’heure actuelle, il n’y a donc pas de preuve scientifique que la synchronisation menstruelle existe. Lorsque ce phénomène se produit, les chercheurs invoquent… le hasard !

Photo de Tim Gouw sur Unsplash