Tout savoir sur la névralgie pudendale
Pathologie particulièrement éprouvante, la névralgie pudendale peut s'avérer longue et difficile à traiter. Définition, traitement, causes et symptômes… Nous faisons le point sur cette maladie intime peu connue.
Qu'est-ce que la névralgie pudendale ?
La névralgie pudendale, également appelée « syndrome du canal d’Alcock », est une affection très douloureuse d’origine nerveuse (neuropathie).
Elle touche le nerf pudendal, le nerf qui passe dans toute la zone la plus intime du corps : les organes génitaux externes féminins (clitoris, vagin, vulve), le périnée… C’est lui qui transmet la sensation du besoin d’uriner et il innerve également les sphincters de l’anus.
Quelles sont les causes de la névralgie pudendale ?
La névralgie pudendale survient lorsque le nerf pudendal est comprimé ou qu'il est lésé. Cependant, les causes ne sont pas bien connues et la douleur se déclare souvent sans explication.
Cette pathologie survient souvent spontanément, sans aucune cause apparente, autour de 60 ans, mais certains facteurs favorisent l'apparition de la névralgie pudendale avant cet âge, tels que :
- La pratique intensive de l'équitation ou du vélo (on parle du « syndrome du cycliste »)
- Une position assise prolongée
- De mauvais étirements lors de la pratique du yoga
- Une chute (la formation d’un hématome a pu compresser le nerf pudendal)
- L’accouchement
- Une intervention chirurgicale dans la zone du nerf pudendal
Quels sont les symptômes de la névralgie pudendale ?
La névralgie pudendale se manifeste par des douleurs neuropathiques (liées au nerf) dans la région du périnée. Chez la femme, ces douleurs se situent au niveau des organes génitaux (la vulve, le clitoris, le vagin), de l’anus et du périnée. Ces douleurs sont permanentes et très difficiles à supporter.
Voici quelques symptômes fréquents de la névralgie pudendale :
- Une sensation de brûlure intense, aiguë, de piqûre, de fourmillements, de picotements dans la région périnéale, de l’anus, du clitoris et du vagin, qui peut irradier dans l’avant des cuisses.
- Une sensation d'engourdissement dans les organes génitaux
- Une sensation de décharges électriques, de “coups d’aiguille”
- Une sensation de corps étranger dans l’anus ou le vagin
- Une douleur qui s’intensifie en position assise ou avec le port de vêtements serrés.
- Des troubles urinaires, une gêne pendant la miction, de l’incontinence…
- Des troubles fécaux (diarrhées, constipation, fuites fécales…)
- De troubles sexuels (dyspareunie - douleurs lors des rapports sexuels - clitoris et vulve hypersensibles…).
Ces troubles et ces douleurs ont un impact psychologique important. La douleur intense et constante avec les conséquences morales et physiques que cela implique peut mener à des états dépressifs.
Comment est diagnostiquée une névralgie pudendale ?
La névralgie pudendale n’est pas diagnostiquée par les examens classiques (scanner, IRM, radio, etc.). Ceux-ci ne sont réalisés que pour écarter d’autres pathologies éventuelles.
Le diagnostic d’une névralgie pudendale est établi principalement sur la description des symptômes par le patient.
Cinq critères ont été regroupés sous le nom “de critères de Nantes” pour confirmer le diagnostic :
- Les douleurs sont localisées sur le trajet du nerf pudendal.
- Les douleurs sont plus importantes en position assise et sont soulagées en position debout.
- La douleur ne réveille pas la nuit.
- Il n'y a pas de trouble de la sensibilité du périnée.
- Lorsque ces précédents symptômes sont réunis, une infiltration est réalisée pour poser le diagnostic final de névralgie pudendale. Il s’agit d'infiltrer un produit anesthésique dans la zone douloureuse. Si la douleur disparaît ou diminue de beaucoup pendant environ 30mn, le diagnostic de névralgie pudendal sera confirmé. L’électromyogramme, ou EMG, est un autre examen qui permet d'évaluer le fonctionnement des nerfs et des muscles. Un nerf transmet l’information au muscle : si le nerf est comprimé, l’information passera moins vite.
Quel est le traitement de la névralgie pudendale ?
En cas de névralgie pudendale, plusieurs types de traitements peuvent être envisagés :
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Le traitement médical
Les médicaments prescrits pour atténuer la douleur sont des antiépileptiques. Les médicaments antidouleurs habituels sont souvent inefficaces. À cela s’ajoutent un traitement antidépresseur et des relaxants musculaires.
Des infiltrations de corticoïdes peuvent aussi être réalisées dans la zone périnéale. Elles s'avèrent efficaces dans 70 % des cas pour soulager la douleur. Elles peuvent être réalisées 3 à 4 fois maximum à un mois d’intervalle.
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Le traitement chirurgical
Une intervention chirurgicale peut être envisagée lorsque la douleur persiste depuis au moins 6 mois. Elle consiste à libérer le nerf pudendal de toute compression sur son trajet.
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Les traitements parallèles
- L’acupuncture est une alternative intéressante pour atténuer la douleur et le stress provoqué par cette pathologie .
- L’ostéopathie, en mobilisant les structures du corps, va permettre de détendre les contractures musculaires et diminuer la douleur liée à la névralgie pudendale.
- La kinésithérapie peut aussi aider à détendre la patiente grâce à diverses techniques (massage, électrostimulation, ultrasons…)
Quelques astuces et remèdes naturels, en plus du traitement prescrit par le médecin, peuvent également contribuer à soulager la douleur, comme :
- Adopter des vêtements souples confortables, pas trop serrés.
- Rendre moins pénible la position assise en utilisant pour s’asseoir un coussin ergonomique ou une bouée gonflable afin de réduire la compression. Il est préférable de ne pas croiser ses jambes une fois assise.
- Arrêter toute pratique sportive soutenue et privilégier la marche.
- Placer une bouillotte sur la zone douloureuse va permettre au muscle de se détendre.
- Une poche de froid va avoir un effet anesthésiant sur la douleur.
- Des plantes ayant un effet antidouleur peuvent être consommées en tisanes, comme les feuilles de framboisier, de mélisse ou de camomille.
- Des massages sur la zone du périnée et des fessiers avec une huile de massage additionnée de quelques gouttes d’huiles essentielles de romarin camphré, d’eucalyptus ou de menthe poivrée.
- Favoriser des aliments alcalinisants, qui vont diminuer l'inflammation dans le corps (les poissons gras, les graines de lin et de chia, les huiles de noix et de colza, les fruits et les légumes crus…).
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