La rééducation périnéale contre l'incontinence urinaire
Le traitement de référence de l’incontinence urinaire est la rééducation du périnée. Comment se déroulent les séances ? Quels résultats peut-on espérer ? Est-il possible de prévenir l’apparition des fuites urinaires grâce à cette méthode ? On vous explique tout sur la rééducation du périnée.
C’est quoi l’incontinence urinaire ?
On parle d’incontinence urinaire ou de fuites urinaires, lorsque de l’urine s’échappe accidentellement de notre vessie.
Il existe plusieurs types d’incontinence :
- L’incontinence par impériosité
On se met d’un coup à avoir très envie d’uriner et on est incapable de se retenir. Cette forme d’incontinence est la plus gênante car la vessie peut se vider en entier.
- L’incontinence d’effort
C’est la forme d’incontinence la plus répandue. On relâche une petite quantité d’urine lors d’une activité physique, d’une quinte de toux, d’un éternuement ou encore d’un éclat de rire.
- L’incontinence mixte
Cette incontinence combine à la fois les symptômes de l’incontinence d’effort et de celle par impériosité.
Quelles sont les causes de l’incontinence urinaire ?
Ces fuites urinaires sont généralement causées par une faiblesse du périnée, cet ensemble de muscles et de ligaments qui soutiennent la vessie, le vagin et le rectum. Pendant une grossesse, après un accouchement, à la ménopause ou à cause de la pratique intensive de certains sports, il arrive très souvent que des ligaments se distendent et que les muscles se relâchent. Le canal de l’urètre, qui permet d’expulser l’urine, n’est alors plus correctement maintenu et laisse s’échapper de l’urine. Certaines femmes déclenchent également des fuites urinaires lors des relations sexuelles surtout lorsqu’il y a pénétration vaginale ou anale, on parle alors d’incontinence coïtale
La rééducation du périnée pour traiter les fuites urinaires
En cas d’incontinence urinaire, d’incontinence fécale ou systématiquement en post-partum, le traitement proposé en première intention est la rééducation du périnée. L’objectif est, grâce à différents exercices de kinésithérapie, de tonifier les muscles et les ligaments du périnée afin qu’ils soient de nouveau aptes à soutenir la vessie et le canal de l’urètre. Votre gynécologue vous prescrira un nombre de séances adapté à votre situation. Cette rééducation peut être réalisée par un kinésithérapeute spécialisé ou une sage-femme. Elle peut s’effectuer à l’hôpital, en cabinet ou à domicile.
Comment se déroule une séance de rééducation du périnée ?
Une séance de rééducation périnéale dure généralement 30 minutes. Guidée par votre kinésithérapeute ou votre sage-femme, vous devrez réaliser différents exercices visant à renforcer les muscles et les ligaments de votre périnée en vous demandant de le contracter puis de le relâcher. Pour cela, il ou elle peut être amené à insérer les doigts dans votre vagin après avoir obtenu votre consentement. De nombreux professionnels de santé utilisent également des machines d’électrostimulation et des sondes connectées qui permettent de mesurer la force de vos contractions. Ces appareils sont souvent reliés à un écran, on parle de biofeedback. Cela vous aide a visualiser sous forme de courbes l’intensité et la durée de vos contractions. Plus vous contractez votre périnée, plus la courbe monte et quand vous relâchez elle descend. Cette méthode du biofeedback est particulièrement adaptée aux femmes qui ont du mal à localiser et à sentir les mouvements de leur périnée.
Les exercices de Kegel
En plus des séances de rééducation, votre praticien vous donnera aussi en complément quelques « devoirs » à faire à la maison. Il s’agit généralement des exercices de Kegel qui visent à gagner en tonus en renforçant les muscles du plancher pelvien ( périnée). Il existe différentes techniques pour pratiquer cette méthode :
- La contraction simple : allongez vous, contractez les muscles autour de votre anus puis ceux autour de votre vagin, comme si vous reteniez quelque chose à l'intérieur de votre vagin. Les fesses et les cuisses ne doivent pas être sollicitées. Maintenez la contraction pendant 2 secondes et relâchez pendant 2 secondes. A répéter autant de fois que possible.
- La contraction forte : répétez le même exercice mais en contractant pendant 5 secondes puis en relâchant pendant 5 secondes. 5 à 10 répétitions devraient être suffisantes.
- La contraction d'endurance : contractez le plus longtemps possible, idéalement 1 min.
Pour plus d’efficacité et un renforcement maximal des muscles pelviens,vous pouvez réaliser ces exercices avec des boules de Geisha à l’intérieur de votre vagin ou investir dans une petite sonde périnéale. Après plusieurs séances de rééducation, vous pouvez commencer, avec l’accord de votre praticien, à vous remuscler en douceur les abdominaux et la zone pelvienne grâce à du yoga et des pilates.
Attention toutefois à ne pas pratiquer le stop pipi, cet exercice très populaire dans les magazines féminins qui consiste à interrompre à plusieurs reprises le jet d’urine lors d’une miction avec pour objectif de muscler le périnée. Le problème c’est qu’à force de donner des ordres contraires, (urine! n’urine plus!) le cerveau risque de s’embrouiller et de déclencher plus tard le réflexe d’uriner à n’importe quel moment.
Quels résultats peut-on espérer ?
Si la rééducation périnéale est la méthode de référence dans le traitement des fuites urinaires c’est parce qu’elle est non invasive, pas douloureuse, facile à mettre en œuvre mais aussi et surtout redoutablement efficace. D’après une étude réalisée au CHU de Mulhouse :
- 86% des rééducations du périnée réalisées dans le cadre d’une incontinence urinaire d’effort sont un succès thérapeutique.
- 67 % des rééducations périnéales pour une incontinence mixte sont un succès.
On estime qu’il faut 10 à 20 séances pour avoir de bons résultats. La rééducation du périnée est aussi efficace pour la prévention des fuites urinaires. C’est pourquoi elle est systématiquement pratiquée après un accouchement ou dans le cadre d’un prolapsus, c’est-à-dire une descente d’organe.
Si vous souffrez de fuites urinaires, sachez qu'il existe des protections hygiéniques spéciales pour l'incontinence légère.
Quelles alternatives à la rééducation du périnée ?
En cas d’échec de la rééducation périnéale, d’autres options pourront vous être proposées par votre médecin. En fonction de votre cas et de la nature de vos fuites urinaires, il peut s’agir de :
- la prise du traitement hormonal de la ménopause ( THM),
Lorsque la faiblesse du périnée est causée par un manque d’hormones oestrogènes dont le taux chute à la ménopause, il peut être intéressant de prendre le THM. Ces hormones de synthèse vont mimer l’action des oestrogènes et retendre les muscles périnéaux.
- des médicaments pour calmer l’excitation de la vessie,
Ce traitement à pour objectif de supprimer les spasmes involontaires de la vessie qui génèrent les fuites urinaires.
- des injections de botox,
Lorsque l’incontinence est le résultat d’un dysfonctionnement neurologique (incontinence par impériosité), des injections de botox dans la vessie peuvent être envisagées. Cela permet de paralyser les muscles responsables de la contraction et donc d’éviter l’hyperactivité vésicale et l’excrétion involontaire d’urine.
- de séances de stimulation électrique,
Voici une méthode étonnante pour traiter l’incontinence urinaire : la stimulation tibiale. Cette technique consiste à envoyer une à deux fois par jour des impulsions électriques dans un nerf situé à l’arrière du tibia grâce à des électrodes commandées par un boîtier. Cela permet de court-circuiter les messages envoyés par le cerveau à la vessie qui ne reçoit donc plus l’ordre de se contracter.
- la pose d’une bandelette sous-urétrale,
Il s’agit d’une intervention chirurgicale pendant laquelle on va placer sous l’urètre une petite bande de tissu appelée bandelette sous-urétrale. Elle va jouer en quelque sorte le rôle d’un hamac qui va soutenir l’urètre afin de supprimer les fuites.
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