Combien les règles coûtent-elles dans la vie d’une femme ?
Difficile de calculer précisément combien nous coûtent nos règles à l’échelle d’une vie. Pourtant, quiconque possède un utérus le sait, il s’agit d’un investissement financier bien réel. Aux protections hygiéniques viennent s'ajouter les consultations gynécologiques et d'éventuels médicaments antidouleurs. Bien évidemment, plus nos règles sont longues et abondantes… et plus nous passons à la caisse ! Un budget qui pèse lourd notamment sur les personnes menstruées et les femmes les plus précaires.
Les règles coûtent 675€ par an soit 23 500€ au cours d'une vie
Jusqu’à 15.000 protections hygiéniques utilisées au cours d’une vie
Nous ne sommes pas toutes égales face aux règles. Certaines ont des cycles très courts et donc des menstruations qui reviennent plus souvent. La durée des règles est elle aussi très variable, entre 3 et 7 jours selon les femmes. Si l’on veut calculer la quantité de protections hygiéniques que nous achetons au cours d’une vie, il faut aussi prendre en compte la quantité des saignements. Certaines ont en effet un flux très abondant et ont besoin de changer de serviette ou de tampon plus souvent. Une étude britannique parue dans le Huffington Post estime que nous avons nos règles en moyenne 500 fois dans notre vie et que nous consommons entre 10.000 et 15.000 protections hygiéniques. Ce qui correspond à un budget menstruel d’environ 3000 euros. Voilà combien dépense une femme en protections hygiéniques seulement.
Près de 23.500 euros de dépenses en une vie
Avoir ses règles, ce n’est pas seulement devoir acheter des protections périodiques. Il y a également une multitude de frais complémentaires. Cela va des médicaments pour soulager les crampes utérines jusqu’aux consultations chez le médecin ou le gynécologue, en passant par les petites culottes tachées de sang qu’il faut remplacer mais aussi par l'achat des produits d'hygiène menstruelle (gel lavant, crèmes). Certaines femmes achètent aussi des plantes pour se faire des tisanes contre les douleurs menstruelles. D’autres ont besoin de compléments alimentaires, comme le fer et le magnésium, pour lutter contre la fatigue menstruelle ou l'anémie. Au total, d’après cette même étude du Huffington Post, l’addition pourrait monter à 675 euros par an, soit 23 500 euros pour une vie.
On ne mentionne même pas les coûts associés à la contraception qui viennent se rajouter à ceux du budget menstruel. En effet, le recours à un stérilet peut parfois entraîner une intensification des saignements menstruels, avec l'apparition de règles très abondantes.
Les règles coûtent cher : quid de la précarité menstruelle ?
1,7 millions de françaises n’ont pas les moyens d’acheter des protections hygiéniques
En France, 1,7 millions de femmes n’ont pas les moyens de se procurer des protections hygiéniques en quantité suffisante, c’est ce que l’on appelle la précarité menstruelle. Parmi les plus concernées, il y a évidemment les sans-abris mais aussi les chômeuses, les travailleuses précaires ou même les étudiantes. Ces femmes ont parfois à peine de quoi s’acheter à manger, alors pour elles les protections hygiéniques apparaissent comme un luxe. Cette précarité menstruelle à des conséquences terribles sur le plan de l’hygiène menstruelle et de la santé intime.
Ces femmes ont en effet plus de chances de développer des infections et particulièrement le syndrome du choc toxique (SCT). Cette maladie extrêmement grave est généralement causée par le port prolongé d’une protection interne (tampon ou coupelle menstruelle). Le sang des menstrues stagne et favorise la prolifération d'une souche de staphylocoque doré. En plus d’être contraintes de garder la même protection hygiénique trop longtemps, ces femmes peuvent aussi avoir recours à des produits inadaptés comme des feuilles de journaux ou de papier-toilette pour remplacer les serviettes périodiques, ce qui peut entraîner des irritations ou des allergies. Sur le plan psychologique, la précarité menstruelle est aussi dévastatrice. Souvent stigmatisées, ces femmes se sentent sales et honteuses.
Vers une gratuité des protections hygiéniques ?
En 2015, la TVA sur les protections périodiques a été abaissée de 20 % à 5,5%, faisant ainsi passer les tampons et les serviettes hygiéniques du statut de marchandise de luxe à celui de produit de première nécessité (voir notre article sur la Taxe Tampon). Pour de nombreuses associations de défense des droits des femmes, c’est un bon début mais c’est encore insuffisant. Certains souhaiteraient en effet voir la France s’aligner sur l’Ecosse qui a instauré la gratuité des protections hygiéniques pour toutes les femmes depuis février 2018. Actuellement, une expérimentation est en cours et des distributeurs de protections hygiéniques gratuites ont été installés dans 31 lycées d’Ile-de-France. Les jeunes filles peuvent y récupérer gratuitement des tampons et des serviettes. Le dispositif devrait prochainement être étendu à d’autres établissements et d’autres régions. L’une des principales mutuelle étudiante, la LMDE s’est aussi engagée à rembourser entre 20 et 25 euros par an à leurs adhérentes afin de compenser le coût de leurs protections menstruelles.
Des alternatives plus économiques aux tampons et serviettes
Si notre budget en protections périodiques est si conséquent, c’est avant tout parce que nous utilisons en grande majorité des protections jetables comme les tampons, les protèges-slips ou les serviettes hygiéniques.
Sachez toutefois qu’il existe des protections hygiéniques alternatives, plus durables et donc finalement moins coûteuses. Les cup ou les culottes menstruelles par exemple peuvent être de bons compromis. Plus chères à l’achat, elles ont néanmoins l’avantage d'être lavables, donc réutilisables, avec une durée de vie de plusieurs années. Non seulement elles sont financièrement avantageuses mais en plus elles sont nettement plus écologiques que les protections jetables, puisqu'elles sont zéro-déchet. Il peut donc être intéressant de les tester pour voir si elles vous conviennent.
Pssssst, maintenant les culottes de règles sont moins chères quand vendues en lot de plusieurs.
Et la santé menstruelle dans tout ça ?
Les règles coûtent cher, et ce, même si vous utilisez des protections féminines conventionnelles : c'est-à-dire celles vendues dans les supermarchés et grandes surfaces.
Or, un rapport de l'ANSES (Agence de Sécurité Sanitaire) sur la composition de ces produits d'hygiène féminine et intime a mis en lumière la présence de traces de substances chimiques et de produits toxiques tels que :
- Des résidus de dérivés de chlore, provenant du processus chimique de blanchiment
- Des traces d'herbicide, comme le glyphosate, et le pesticide
- Des perturbateurs endocriniens comme les phtalates, dioxines qui vont venir déséquilibrer vos niveaux d'hormones
- La présence de substances allergisantes comme des parfums... Seule l'utilisation de ces éléments listés par un règlement oblige les fabricants de protections périodiques à afficher la composition de leurs produits.
L'alternative à ces protections reste le bio, et notamment les protections en coton bio, qu'elles soient jetables ou réutilisables (comme la culotte de règles).
Néanmoins, en ce qui concerne les protections jetables, la boîte de protections biologiques coûte plus cher que la boîte de conventionnel. On tourne donc en rond pour les personnes concernées par la précarité menstruelle. Si le conventionnel revient trop cher, alors il n'est même pas envisageable de parler du bio.
C'est pourquoi Jho accompagne les entreprises dans l'installation de distributeurs de protections hygiéniques gratuites, sans parfum, hypoallergéniques et bio.
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