L’infection urinaire chez la femme : l’éviter et la soigner
Une femme sur deux fait régulièrement des infections urinaires, aussi appelées cystites. Très douloureuses et souvent récidivantes, il est pourtant possible de les soigner et de limiter leur apparition. Voici quelques explications afin de mieux comprendre leur origine ainsi que des conseils pour les éviter et les traiter.
Une bactérie à l’origine des infections urinaires
Dans plus de 90 % des cas, la responsable de l’infection urinaire est une bactérie du nom d’Escherichia Coli. Naturellement présente dans la flore intestinale, elle est généralement inoffensive et empêche même des germes de venir coloniser notre système digestif. Pourtant dans certains cas, il arrive que des bactéries Escherichia Coli parviennent à migrer à l’intérieur des voies urinaires et infectent la vessie. C’est le début du calvaire !
Il existe aussi des cas de cystites interstitielles mais elles ne sont pas causées par des bactéries. Il s'agit uniquement d'une inflammation de la vessie (contrairement à la cystite aïgue).
Une infection majoritairement féminine
S’il y a un domaine où les femmes sont largement représentées, c’est bien celui de l’infection urinaire ! Les cystites sont en effet beaucoup plus fréquentes chez les femmes pour qui l’anus se trouve à proximité immédiate des voies urinaires. En effet, le méat urinaire situé au niveau de la vulve est très proche de l'anus. En plus de cela, l’urètre féminin étant beaucoup plus court que l’urètre masculin, les bactéries ont plus de facilité à remonter jusqu’à la vessie pour l’infecter. Résultat de cette injustice anatomique, 55% des femmes ont déjà fait la désagréable expérience de la cystite contre seulement 5% des hommes.
Des symptômes très douloureux
Les infections urinaires ou cystites se manifestent généralement par ces symptômes :
- Des envies fréquentes d’uriner mais l’impossibilité de faire plus que quelques gouttes.
- Des brûlures, inflammations ou douleurs pendant la miction (on a l’impression d’uriner des lames de rasoir !)
- Une sensation de pesanteur dans le bas-ventre.
- Une mauvaise odeur des urines
- Une urine à la couleur plus foncée que d’habitude.
Certaines femmes ne développent que l’un ou l’autre de ces symptômes tandis que les plus malchanceuses en cumulent plusieurs. Une chose est sûre, les cystites peuvent être très douloureuses et devenir handicapantes lorsqu’elles sont récurrentes.
Parfois des IST comme les mycoplasmes peuvent engendrer des symptômes proches de ceux d'une infection urinaire, sans en être une. C'est pourquoi il est important de consulter un médecin.
Une consultation médicale nécessaire : l'ECBU
Si certaines infections disparaissent spontanément en quelques jours, le Dr Sabrina Benbouzid, urologue à l’hôpital Tenon met en garde celles qui seraient tentées d’esquiver la case médecin : « Il ne faut pas rester en souffrance et laisser traîner. Si les symptômes persistent alors il faut consulter car un traitement est nécessaire ». Pire, l’infection peut parfois remonter jusqu’aux reins. « C’est ce que l’on appelle une pyélonéphrite et cela se manifeste par une fièvre intense et des douleurs au niveau du dos. Il faut alors voir un docteur de toute urgence » explique le médecin.
Votre médecin traitant va alors vous prescrire une analyse appelée ECBU (examen cytobactériologique des urines). Vous allez faire pipi dans un petit pot et une culture des bactéries présentes va être réalisée.
Si vous n'avez pas pu avoir de rendez-vous chez le médecin, essayez de vous faire faxer une ordonnance pour aller réaliser l'ECBU en laboratoire. Généralement les résultats mettent 2 jours avant d'être disponibles.
Un traitement antibiotique
Le protocole de traitement d’une cystite commence toujours par un test urinaire (ECBU ou test rapide par bandelette) afin de confirmer le diagnostic, d’identifier la bactérie responsable et d'établir un antibiogramme (pour déterminer quels antibiotiques sont efficaces contre la souche). En fonction des résultats, le médecin prescrit l’antibiotique adapté. En général, le soulagement est rapide.
Une monodose dans le cas des cystites aïgues
Généralement, un antibiotique administré par voie orale en une dose unique (sachet) suffit pour que l’infection disparaisse en quelques heures.
Un traitement sur plusieurs jours en cas de récidive
Parfois, la cystite revient parce qu'elle a été mal soignée. Dans ce cas là, il faudra envisager avec votre médecin traitant de prendre un traitement antibiotiques sur plusieurs jours pour éradiquer complètement la bactérie.
Soigner une fuite urinaire en cas d’urgence
L’infection urinaire arrive sans prévenir. Elle ne connait ni les week-ends ni les jours fériés et n’aura aucun scrupule à venir gâcher vos vacances ou même votre mariage ! Les antibiotiques n’étant pas en vente libre, vous aurez impérativement besoin d’une ordonnance pour vous les procurer. Ainsi, si vous êtes sujettes aux infections récidivantes, il peut être intéressant de demander à votre médecin une ordonnance d’avance afin de pouvoir réagir rapidement en cas de besoin. Cela doit rester exceptionnel et ne compense en aucun cas une consultation physique. S’il y a urgence, la
téléconsultation peut également être une bonne option.
Prévenir les infections urinaires
Voici quelques recommandations afin de limiter le développement des infections urinaires :
- Boire beaucoup et suffisamment d’eau, au minimum 1,5 litres par jour.
- Eviter le thé, le café et les boissons acides (jus d'orange, sodas) qui vont irriter les reins
- Ne jamais se retenir d’uriner, sous peine de laisser le temps aux éventuelles bactéries de proliférer dans la vessie.
- S’essuyer de l’avant vers l’arrière (de la vulve vers l'anus) après avoir été aux toilettes afin de ne pas faciliter le passage d’ Escherichia Coli depuis l’anus vers les voies urinaires.
- La constipation favorise le développement des cystites, si vous êtes constipée, consultez un médecin
- Uriner rapidement après un rapport sexuel.
- Renoncer aux douches vaginales qui décapent les muqueuses et dérèglent la flore vaginale.
- Porter des sous-vêtements en coton. Certaines matières comme le lycra ou l’élasthanne génèrent des frottements et fragilisent l’équilibre de la flore vaginale.
En finir avec certains mythes sur la cystite
Il existe de nombreuses idées reçues sur les causes pouvant conduire à une infection urinaire et peut-être même encore plus sur les manières de la soigner. Voici donc une liste de mythes sur la cystite auxquels il est temps de tordre le cou !
- Attraper froid peut causer une cystite. Les infections urinaires sont d’origine bactérienne, le fait de prendre froid n’a rien à voir là-dedans !
- Boire du jus de canneberge permettrait de soigner les infections urinaires. A ce jour, aucune étude scientifique n’a démontré l’intérêt du jus de canneberge (cranberry) pour traiter les cystites.
- Les cystites sont contagieuses. Il n’est absolument pas possible « d’attraper » une cystite, en utilisant par exemple les mêmes toilettes qu’une personne ayant une infection urinaire.
- Les infections urinaires sont des maladies sexuellement transmissibles. Si les rapports sexuels peuvent faciliter le développement d’une cystite en facilitant le passage des bactéries dans le système urinaire, il ne s’agit toutefois pas d’une IST ou d'une MST qui peut être transmise par un partenaire.