Comprendre l'endométriose : causes, conséquences, diagnostic et traitements

April 10, 2020 par Nikita

Près d’une femme sur dix est atteinte d’endométriose. Un chiffre qui fait froid dans le dos, surtout lorsque l’on sait combien les douleurs provoquées par cette maladie gynécologique sont intenses. Quels sont les symptômes de l’endométriose? Quand faut-il s’inquiéter ? Existe-t-il des traitements efficaces? Faisons le point sur cette maladie encore méconnue.

Toutes les femmes le savent, les règles sont loin d’être une partie de plaisir car elles s’accompagnent presque inévitablement de douleurs pelviennes et abdominales (appelées dysménorrhée). Le coupable : l’utérus, qui se contracte pour évacuer les pertes sanguines. Avoir mal au ventre pendant ses menstruations est donc naturel, mais pas au point d’être pliée en deux. «Les douleurs doivent rester d’intensité modérée et être soulagées rapidement par la prise d’un antalgique. Si vous devez vous gaver de médicaments ou que vos règles sont une véritable souffrance, il est urgent de consulter» explique la gynécologue Rose Saloua El Falah. En outre, il pourrait bien s’agir de l’endométriose.

Qu'est-ce que l'endométriose ?

Cette pathologie provient d’un dysfonctionnement de l’endomètre, la muqueuse qui tapisse les parois internes de l’utérus. A la fin du cycle menstruel, lorsque la fécondation n’a pas lieu, cet endomètre se désagrège et est évacué naturellement: ce sont les règles. Chez les femmes atteintes d’endométriose, certaines cellules de l’endomètre ne sont pas expulsées et migrent vers d’autres organes dits de voisinage comme les ovaires, le péritoine, la vessie ou le rectum. L'endométriose, c'est la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus.

Pour le Dr Rose Saloua El Falah « le problème est que ces cellules réagissent comme de l’endomètre normal dans des organes qui sont pas conçus pour en recevoir. Au moment des règles, la muqueuse suit son cycle naturel et se décompose. Comme le sang ne peut pas être évacué, il stagne». Cela entraine une réaction inflammatoire qui se traduit par des lésions très douloureuses comme des kystes, des nodules et des adhérences entre les organes. Les règles deviennent alors une véritable souffrance.

Les différents types d'endométriose

L'endométriose superficielle

L’endométriose superficielle est une endométriose péritonéale. Les cellules endométriales colonisent modérément le péritoine (membrane qui tapisse la cavité abdomino-pelvienne). Les lésions causées par l'endométriose ne sont pas profondes. La patiente peut souffrir de douleurs menstruelles conséquentes.

L'endométriome quand l'endométriose entraîne un kyste de l'ovaire

L’endométriose peut toucher un ovaire ou les 2 en créant un kyste ovarien appelé endométriome. Il peut mesurer de quelques millimètres à plusieurs centimètres. En plus des douleurs, l'infertilité et la capacité de procréer sont en jeu.

L'endométriose profonde

L’endométriose pelvienne profonde correspond aux lésions profondes dans la membre péritonéale (à plus de 5 mm sous la surface) . Les lésions touchent la musculeuse(couche musculaire) des organes abdomino-pelviens, tels que le vagin, la vessie, l’uretère ou le tube digestif. Cette endométriose à nodule est souvent accompagnée de fibromes utérins (tumeurs bénignes) et peut s’atténuer avec le temps. 

L'adénomyose : l'endométriose touche le muscle utérin

L’adénomyose est définie par la présence d'endomètre dans le muscle utérin (appelé endomètre). Les contractions utérines peuvent être douloureuses et les règles hémorragiques. Il existe plusieurs types d’adénomyose : focale (quelques foyers), nodulaire (adénomyome) ou encore diffuse (beaucoup de foyers un peu partout dans le muscle utérin).

Les symptômes de l'endométriose

La maladie peut être asymptomatique mais, en fonction de l’organe colonisé, les symptômes de l’endométriose diffèrent.

Si la vessie ou le rectum sont touchés, cela peut entrainer des difficultés et des douleurs pour uriner et aller à la selle. Une lésion sur le ligament qui relie l’utérus au sacrum et les rapports sexuels avec pénétration deviennent un véritable calvaire.

Si ce sont les ovaires ou les trompes de Fallope qui sont atteints, le risque d’infertilité devient très élevé. En effet, la maladie peut entraîner la formation de kystes ovariens qui créent une barrière à la fécondation de l'ovule. « On estime que 40% des femmes qui ont de l’endométriose ont des difficultés à concevoir. C’est énorme » explique la gynécologue. Pour les femmes en âge de procréer qui veulent tomber enceinte, l'endométriose peut transformer le désir d'enfant en véritable parcours du combattant voire le rendre impossible si elle cause une infertilité.

" Il y a une vraie méconnaissance de l'endométriose "

Dr Rose Saloua El Falah

Diagnostic de l'endométriose

Malgré ces chiffres alarmants, l’endométriose est encore sous-diagnostiquée. Entre l’apparition des premiers symptômes et la pose du diagnostic, il se passe en moyenne cinq années ! Une phase d’errance médicale qui peut s’expliquer en partie par la complexité de cette maladie qui engendre des symptômes très différents, mais aussi par le manque d’études scientifiques. « Il y a une vraie méconnaissance de l’endométriose.  Elle touche 10 % des femmes et pourtant nous sommes encore incapables d’en déterminer précisément les causes. Nous ne savons pas vraiment si le problème est purement hormonal ou s’il s’agit d’une défaillance du système immunitaire» déplore le Dr Rose Saloua El Falah.  

Pour diagnostiquer l'endométriose, les examens réalisés sont souvent gynécologiques :

  • L'échographie vaginale ou échographie pelvienne : une sonde est insérée dans le vagin de la patiente pour identifier d'éventuels kystes ovariens
  • Un IRM pelvien pour identifier d'éventuelles lésions liées à l'endométriose
  • Une hystérographie : un liquide opaque est injecté dans le col de l'utérus via une petite sonde. Cet examen permet d'identifier des malformations ou des déformations utérines et d'évaluer la perméabilité des trompes de Fallope. Généralement, il s'inscrit dans le cadre du bilan de fertilité et n'est pas réalisé en primo-diagnostic de l'endométriose. L'hystéroscopie peut aussi remplacer l'hystérographie.

Si les douleurs concernent aussi l'appareil digestif, les examens complémentaires à l'IRM sont : 

  • L'échographie endorectale : une sonde est introduite dans le rectum pour identifier les lésions d'endométriose profonde situées jusqu'à 25cm au-dessus de l'anus. 
  • Le coloscanner, la coloscopie virtuelle : ils permettent d'explorer finement l'ensemble du colon et du rectum
  • L'uroscanner : il permet d'avoir une exploration fine de l'uretère, en cas de douleurs urinaires

Traitement de l'endométriose

Traitements et contraceptifs hormonaux

S’il n’existe malheureusement pas de traitement définitif de l’endométriose, certaines thérapies hormonales permettent de ralentir la progression de la maladie et de diminuer les douleurs. La prise en continu d’une pilule microprogestative ou la pose d’un stérilet (DIU) hormonal sont aussi parfois des solutions efficaces. Généralement ces contraceptifs entraînent l'absence de règles (aménorrhée) donc la disparition des douleurs à chaque menstruation. 

Chirurgie

Enfin, dans certains cas, c’est la chirurgie qui s’impose afin de retirer les nodules ou les kystes générés par l'endométriose dans les organes concernés (vagin, utérus, diaphragme, rectum, uretères, vessie) ou des nerfs atteints (nerfs sacrées, nerf pudendal, nerf sciatique).

La coelioscopie (ou laparoscopie) consiste en l’introduction d’une petite caméra via le nombril, et de différents instruments via des incisions de 5 à 10 mm. La cœlioscopie consiste à introduire une petite caméra via le nombril.  Elle sert souvent pour compléter le diagnostic d'endométriose. 
La laparotomie est également une autre technique chirurgicale utilisée dans le traitement de l'endométriose. L'abdomen est ouvert de manière horizontale ou verticale pour réaliser les actes chirurgicaux.

Le traitement chirurgical de l'endométriose peut parfois aller jusqu'à l'hystérectomie (ablation de l'utérus).

Grâce à une prise de conscience générale, le tabou autour de l’endométriose est en train de tomber. La parole des femmes se libère et des moyens financiers ont été débloqués pour des études  médicales. Grâce à leurs résultats, de nouveaux traitements, plus efficaces, devraient voir le jour dans les prochaines années.