Rencontre avec Johanne Defay, meilleure surfeuse française et nouvelle égérie JHO !
Nous retrouvons (ndrl : Coline et Dorothée, les fondatrices de jho), Johanne ce matin-là, à Paris, pour un petit-déjeuner avant son départ pour une série de compétitions en Australie.
Qui est Johanne Defay ?
Johanne, c’est tout simplement la meilleure surfeuse européenne et dans le top 10 mondial ! Son ascension depuis ses débuts, à 7 ans, dans son île de la Réunion est impressionnante. Plus jeune championne d’Europe de l’histoire à seulement 15 ans et maintenant seule européenne sur le Championship Tour, le plus haut niveau de compétition en surf dominé habituellement par les américaines et les australiennes, elle s’est imposée depuis de nombreuses saisons comme une figure incontournable du circuit pro avec pas moins de 10 podiums et 3 victoires. Son prochain challenge à venir ? Décrocher une médaille aux prochains Jeux Olympiques de Tokyo, où elle est pour le moment la seule française qualifiée en surf. Ce serait juste dingue !
"jho & johanne vers les JO", ça sonne bien à nos oreilles, très bien même, mais pas seulement.
Pourquoi Johanne est l'égérie parfaite pour Jho ?
Portrait d’une jeune femme spontanée, naturelle, positive, qui aime le challenge et qui est heureuse de représenter une marque “Juste et Honnête”. Chez jho, on est complètement fan et très fiers de devenir ses premiers supporters !
Dorothée : Qui es-tu Johanne et comment se passe actuellement ta saison de surf ?
Johanne : Je m'appelle Johanne Defay, je suis surfeuse professionnelle et j’ai 27 ans. Je suis actuellement en route pour l’Australie parce que ma saison recommence ! Elle avait déjà débuté en décembre puis s’était arrêtée à cause du covid. J’ai 4 étapes de coupes du monde là-bas. On va avoir une quatorzaine stricte en arrivant mais si tout se passe bien, on pourra aller surfer sans masque après, ça devrait être cool !
D : Peux-tu nous raconter ton palmarès ?
J : Alors, j’ai été 3 fois championne d’Europe dans mes années junior et à 21 ans, je me suis qualifiée pour le World Championship Tour (ndrl : le plus haut niveau de compétitions en surf) ! C’est un tour mondial avec 10 coupes du monde où 17 filles se qualifient chaque année. Cela fait maintenant 7 ans que je suis sur le WCT, j’ai gagné 3 coupes du monde, je suis dans le top 10 mondial et mon meilleur classement en 2016 et 2018, c’était 5ème mondial !
Sur les compétitions du WCT, je suis la seule française, la seule européenne, et en fait, la seule non américaine et australienne, je suis dans un monde très anglo-saxon !
D : A quoi ressemble ta vie ? Parce que nous on est un peu perdus, Hawai, La Californie, L’Australie (ndrl : rires) ...
J : En tant qu’athlète, mon emploi du temps tourne autour de mes entraînements et mes compétitions, ça a toujours été ma priorité et ça a toujours été comme ça ! Avant la Covid, je voyageais 9 mois sur 12, j’étais 3 mois chez moi en pointillés. Les saisons se déroulent de février/mars à novembre /décembre : donc 10 coupes du monde, auxquelles s'ajoutent des compétitions de deuxième division pour me mettre en jambe.
C’est vrai que les voyages, ça fait rêver mais les avions, le fait que tu sois loin de chez toi, on va dire que c’est un peu l’envers du décor. Les vacances, c’est quand je suis chez moi, sur mon canap’ tranquille, que je regarde Netflix pénard avec mon chéri et qu’on va faire des repas de famille chez mon père le dimanche ( rires).
J’ai de la chance, mes parents, mon conjoint m’ont toujours soutenue, je me suis vraiment entourée, au fil des années, de gens qui sont à mon écoute et qui aiment ce que je fais donc j’ai de la chance, c’est cool !
Coline : Raconte-nous, comment se passe une compétition ?
J : C’est différent des autres sports car on a sur les compétitions de surf des “waiting period” (ndrl : période d’attente). En gros, la compétition est du 1er au 12 avril par exemple, et on peut passer à n’importe quel moment dans cette période. C’est pour ça que c’est un peu complexe et qu’à la fin d’une saison, je suis souvent épuisée moralement et émotionnellement par cette attente.Il faut toujours être à 80 % et être prêt en quelques minutes à se dire :” bon ok, c’est maintenant !”. Sur ces 12 jours, tous les matins on va sur le spot de compétition, on a ce qu’on appelle des “calls”, donc par exemple à 7 heures, les organisateurs choisissent si on fait la compétition ou non en fonction des conditions. Et toi avant ça, tu t’es réveillée à 4h30/5h, tu t’es préparée pour ton warm-up (ndrl : échauffement), tu as essayé le spot avant la journée de compétitions et à 7h, lorsque tu es enfin prête ,on te dit : ah non c’est demain ! (ndrl : rires)
C : Avec ton expérience, tu arrives à sentir quand cela va être le bon jour ?
J : Oui un peu, mais il y a toujours des journées où on ne sait pas. C’est marrant parce que du coup, tu échanges beaucoup avec les autres surfeurs : on se dit “là c’est pas mal, ils vont peut être lancer le truc, tu en penses quoi ?”
D : Ça doit être vraiment fatiguant !
J : Oui et puis parfois ils nous disent : “On va attendre la marée, on revient à 10h” ! Tu rentres ensuite chez toi, tu prends ton temps, tu reviens à 10h… C’est toujours la tension, l’attente...le wait and see !
C : Quelle est ta routine feel good avant une compétition ?
J : Quand je suis en compétition j’ai besoin d’être dans ma bulle, le soir j’essaie de faire de la relaxation et de la méditation, de me sentir bien dans mon corps, de manger aussi ce qui fait du bien à mon corps et pareil le matin, j’ai mon warm-up (ndrl : échauffement) qui est bien défini puis ensuite un petit café ou un thé, c’est le truc cool ! Après, s’il y a quelque chose que je ne fais pas, c’est pas grave !
D : As-tu un objet fétiche que tu emmènes partout avec toi ?
J : J’ai un doudou que ma maman a fait quand elle s’est mise à la couture (ndrl : rires) . Non après, c’est plus mes petits trucs pour faire mes séances de sport : ma corde à sauter, mes élastiques, un swiss ball, ça me fait du bien !
C : Tu dois avoir une sacré valise !
J : 100 kilos !
C : Comment t'entraînes-tu quand tu rentres chez toi à la Réunion ?
J : C’est vrai que ce n’est pas évident pour m'entraîner à la Réunion, l'Île a eu des soucis avec la crise requin depuis une dizaine d’années et c’est officiellement interdit de faire toute activité nautique en dehors des lagons depuis un moment. J’ai toujours choisi de rentrer à la Réunion quand même car c’est chez moi : il y a mes parents, ma famille, mon conjoint et jusqu’à maintenant, j’y passais seulement trois mois par an.
J’ai donc orienté mes entraînements plus sur le physique à la Réunion, où je me challenge sur d’autres sports comme le vélo, la course-à-pied, le skate. Faire d’autres sports et créer un manque a été super important pour moi ces dernières années pour garder la motivation et me prouver que j’arrive à faire d’autres choses ! Finalement, ça joue sur mon surf et ça me donne confiance. C’est comme cela que j’ai trouvé mon équilibre !
D : Etre une femme dans le milieu du surf, est-ce un sujet ?
J : C’est vrai que c’est quand même un sport dominé par les hommes mais ce qui est chouette, c’est qu’il y a de plus en plus de filles à l’eau ! Ça reste du 80%/20% mais c’est cool de voir qu’on influence les jeunes générations et je pense que dans quelques années, ça va évoluer. Après je peux comprendre, c’est d’un côté un sport qui peut paraître idyllique, tu es en bikini sur de toutes petites vagues, ça ne fait pas peur et de l’autre, un sport qui peut être hyper hostile !
Je ne me suis jamais posée la question de savoir si je devais être là ou pas
Même moi, cela me le fait quand je change de spot pour des compétitions. Par exemple, à Margaret River sur la côte Ouest de l’Australie, le spot est à 800m de la côte, ce sont des grosses vagues, les profondeurs sont incroyable, l’eau est bleu marine, il y a quelques rochers devant, des algues donc ça fait peur, tu n’es pas à l’aise et tu dois te surpasser ! Alors que d’autres endroits sont vraiment magiques, tu vois les poissons, l’eau est transparente, etc. En tout cas, pour ma part, je ne me suis jamais posée la question de savoir si je devais être là ou pas, j’ai passé de nombreuses heures en étant la seule fille à l’eau et je n’ai jamais eu de problèmes.
D : Pourquoi as-tu choisi d’être soutenu par JHO cette année ?
J : C’était pour moi un peu une évidence, je travaille en ce moment sur moi-même, pour être plus centrée sur mon corps et être encore plus en phase avec mon corps de femme, au quotidien et pendant les compétitions. Ma féminité et mon corps ont évolué, m’ont joué des tours dans ma carrière et m’ont parfois vraiment beaucoup aidé.
Je suis heureuse de représenter JHO, une marque qui porte les mêmes valeurs de transparence et de solidarité envers les femmes, tout en proposant des produits sains pour le corps et l’environnement !
C : Que mets-tu en place au jour le jour pour être plus à l’aise avec ta féminité ?
J : Il y a un jeu hormonal énorme pendant le cycle et quand on a ses règles. Cela joue sur notre moral, nos émotions, comment on se sent et cela peut avoir un fort impact sur ma performance en compétitions. Je fais beaucoup de recherches en ce moment car j’ai enlevé mon stérilet il y a 3 mois et j’essaye aujourd’hui d’adapter mon alimentation et mes entraînements en fonction de mes menstruations. C’est le début mais c’est vraiment le sujet que j’ai envie de travailler cette année, jho va pouvoir beaucoup m’aider dans ce projet, c’est cool !
D : Ton prochain gros défi de l’année, les Jeux Olympiques de Tokyo (du 23 juillet au 8 août 2021) ?
J : Oui, les JO vont avoir lieu en milieu d’année ! Je n’imaginais pas que mes premiers Jeux se passeraient comme ça (ndrl : les jeux risquent de se dérouler à huis clos en raison de la situation sanitaire), mais clairement, je suis trop contente qu’on puisse le faire ! On a eu un peu peur l’année dernière donc voilà Tokyo, les jeux en équipe de France, ça va être ouf quoi !
C : Donc là, tu pars en Californie pour aller en Australie, puis ensuite tu vas au J.O. ?
J : Il y a une étape entre l'Australie et les JO, je participe aux championnats du monde ISA fin mai/début juin au Salvador en équipe de France. C’est qualificatif pour les JO et il y a une deuxième française de l’ équipe de France qui va peut-être pouvoir se qualifier aux jeux avec moi ! Ce n’est pas encore sûr, elle va devoir se battre avec d’autres pays européens !
D : Et du coup podium, carrément possible ?
J : Podium carrément possible, à Tokyo on est sur une plage qui s'appelle Shiba donc c’est à 180 km de Tokyo quand même, on va être dans un petit village avec les autres surfeurs. Les vagues sont plutôt petites de manière générale mais ça peut vite devenir très gros s’il y a un typhon. Je n’y suis jamais allée mais de manière générale on va devoir travailler beaucoup les planches, avoir des planches de petites vagues qui portent bien, à la fois assez légères et larges, peut-être en l'epoxy (ndrl : type de résine dans laquelle est fabriquée la planche) !
En tout cas, c’est vraiment faisable parce que lorsque j’ai gagné ma première coupe du monde à Huntington Beach, c’était des vagues assez petites, sur une planche en epoxy !!!
D : En plus, le surf sera pour la première fois discipline olympique à Tokyo, ça va être dingue !! Compte sur nous pour que toute la communauté jho soit à fond derrière toi : Go Joh !!!!!
Bref, Jho & johanne vers les JO, c’est une très belle musique, qui résonne aussi fort dans nos tripes et dans nos cœurs et on a hâte de vous embarquer avec nous !