En finir avec le tabou des fuites urinaires
C’est le sujet tabou par excellence. Celui que l’on n’ose pas aborder, ni avec nos proches ni même parfois avec notre médecin. Pourtant, les fuites urinaires n’ont rien d’une maladie honteuse. Trois millions de françaises y sont même quotidiennement confrontées. Véritable épreuve sur le plan psychologique, il ne s’agit toutefois pas d’une fatalité. En plus de protections hygiéniques adaptées, il existe des solutions efficaces pour en finir avec l’incontinence urinaire. Il est donc temps de faire le premier pas et d’en parler à votre médecin, votre sage-femme ou votre kiné.
Qu'est-ce qui provoque les fuites urinaires ?
Selon certaines idées reçues, les fuites urinaires seraient inhérentes à la vieillesse. S’il est vrai que leur fréquence augmente avec l’âge, de nombreuses jeunes femmes et même des adolescentes sont concernées. « Pour certaines, c’est un immense handicap. Elle arrêtent de faire du sport, n’osent plus sortir ou avoir des rapports sexuels. Elles ont tellement honte qu’elles refusent de venir consulter.» déplore le docteur Sabrina Benbouzid, urologue à l’hôpital Tenon.
La plupart de ces femmes présentent ce que l’on appelle une incontinence dite d’effort. Elles relâchent une petite quantité d’urine lors d’une activité physique, d’une quinte de toux, d’un éternuement ou encore d’un éclat de rire. Le plus souvent, cela est lié à une faiblesse du périnée, cet ensemble de muscles et de ligaments qui soutiennent la vessie, le vagin et le rectum. Pendant une grossesse, après un accouchement ou à cause de la pratique intensive de certains sports, il arrive très souvent que des ligaments se distendent et que des muscles, comme le releveur de l’anus, se relâchent. Le canal de l’urètre, qui permet d’expulser l’urine, n’est alors plus correctement maintenu.
« Il devient trop mobile et laisse s’échapper des gouttes d’urines sans que ce soit précédé d’une envie d’aller aux toilettes »
Dr Benbouzid.
Parfois, c’est le sphincter de l’urètre lui-même qui est défaillant. Il n’est pas assez tonique et sa contraction ne suffit plus à fermer le canal.
Comment soigner l'incontinence urinaire ?
En cas d’incontinence d’effort, la rééducation périnéale apparaît comme la solution de référence. Pour la kinésithérapeute Sylvie Billecocq « La première étape c’est d’aider les femmes à connaître leur corps. Il faut qu’elles apprennent à identifier ce qu’est une contraction du périnée. Ensuite nous mettons en place un programme avec des exercices afin de retonifier les muscles et les ligaments. Cela donne la plupart du temps d’excellents résultats». Quand la rééducation n’est pas suffisante, la pose d’une bandelette sous-urétrale peut être proposée. Cette opération chirurgicale consiste à placer sous l’urètre une petite bande de tissu. «Cette bandelette joue le rôle d’un hamac qui vient soutenir l’urètre pendant l’effort et ainsi éviter les fuites » explique la kinésithérapeute.
D’autres femmes présentent une incontinence dite par impériosité. Prises d’une envie soudaine d’uriner, elles sont incapables de contrôler leur vessie qui se vide presque instantanément. Le coupable, leur cerveau qui commande aux muscles de la vessie de se contracter et donc d’expulser de l’urine. Si la kinésithérapie donne également de bons résultats sur ce type d’incontinence, elle ne fonctionne pas toujours. Il existe alors de nombreuses autres alternatives. «En fonction des cas et après différents examens, on peut proposer des médicaments ou encore des injections de botox dans la vessie afin de paralyser les muscles responsables de la contraction » explique l’urologue. Autre technique étonnante, la stimulation tibiale qui consiste à envoyer une à deux fois par jour des impulsions électriques dans le nerf fibulaire situé à l’arrière du tibia. « C’est étonnant mais il a été démontré que cela permettait de court-circuiter les messages envoyés par le cerveau à la vessie pour qu’elle se contracte».
Que vous présentiez une incontinence d’effort, d’impériosité, ou même une combinaison des deux, il existe des traitements efficaces. Il serait dommage de s’en priver par honte ou par peur d’aller consulter. Rappelez-vous qu’avoir des fuites urinaires à certains moments de sa vie est complètement normal. Ce qui ne l’est pas en revanche, c’est de rester sans rien faire !
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