Cavoequiva, l'ONG qui sort les jeunes filles de la rue

February 3, 2022 par Victoire

“La place d'un enfant, c'est à l'école et au sein de sa cellule familiale, pas en train de travailler comme servante ou de vendre au marché”.

Chez Jho, on est totalement d'accord avec Mariam, la directrice de Cavoequiva et c'est pour ça qu'on soutient cette ONG.

Si Cavoequiva n'existait pas, il faudrait l'inventer. Heureusement Clément, ancien enfant des rues, l'a créée en 2003. Pourquoi ? Parce qu'il a été témoin durant des années de la vulnérabilité des filles qui vivent dans la rue et qu'il s'est promis qu'une fois sorti d'affaires, il ferait quelque chose pour elles. 

Elles ? Ce sont des jeunes filles, parfois très jeunes, qui ont toutes un parcours différent et pourtant un point commun: avoir été victime d'abus. 

Victime de traite, victime de violence basée sur le genre, victime de prostitution, considérée comme enfant sorcier, confiée à de la famille pour aller à l'école dans la ville voisine et finalement utilisée comme servante... Les cas sont nombreux et variés, chacune a son histoire et toutes reçoivent l'accueil dont elles ont besoin.

Cavoequiva, ça a commencé par un accueil de jour, un endroit où elles trouvaient du réconfort, de quoi manger, pouvoir se poser sans être sur leurs gardes en permanence, prendre une douche, être soignée et avoir un suivi psychologique. Mais le soir, elles retournaient dans la rue, et ça, ça n'était pas acceptable pour Clément (vous me direz, qui l'accepterait ?).

La crise électorale de 2010 en Côte d'Ivoire a renforcé ce besoin, urgent, de créer un centre de nuit, les rues étant bien trop dangereuses pour les jeunes filles. Cavoequiva est alors devenu un centre de transit communautaire en 2011, un lieu de vie donc, où les filles peuvent rester le jour mais aussi la nuit. C'est devenu chez elles et non plus seulement un accueil de jour, et ça, ça fait toute la différence. 

La priorité de l'ONG Cavoequiva depuis sa création est de permettre aux victimes accueillies de pouvoir réintégrer leur cellule familiale. Ils considèrent que la meilleure place pour un enfant est dans sa famille. Ils procèdent donc à des réunifications familiales par le biais d'une médiation. 

La réunification est la dernière étape d'un processus très précis. Tout commence par l'écoute de la jeune fille dès son arrivée. Elle fait part de son souhait et de son projet de vie (par exemple, retourner chez ses parents dans son village et aller à l'école). L'objectif est donc de respecter ce choix et de replacer l'enfant au centre de sa propre vie. 

Les équipes de Cavoequiva partent alors à la recherche des familles, à Abidjan ou à l'intérieur du pays. Ce sont des heures passées en voiture à rouler au hasard des rues pour que la jeune fille reconnaisse un bâtiment, un.e voisin.e, une école... Coline et Dorothée, les fondatrices de Jho, ont participé à une de ces recherches en 2020. Elles en gardent un souvenir vif et poignant. 

"Ca m'a fait vraiment prendre conscience de ce qu'elles avaient vécu : elles revenaient sur les lieux où elles avaient vécu des horreurs, et pourtant elles restaient très fortes malgré la situation. Ce n'est qu'une fois de retour en voiture, quand elles jouaient et s'amusaient à nous faire des tresses dans les cheveux, que j'ai réalisé qu'elles n'étaient encore que des petites filles". Coline

Une fois la famille localisée, l'équipe assure une médiation avec eux en vue de la réunification.

Chaque réunification a lieu avec les autorités (Police Criminelle, Chefs de Village...) et les centres sociaux. Les parents à qui on va remettre l'enfant doivent signer un engagement qui assure que le projet de vie de l'enfant sera respecté. Les réunifications se passent ensuite souvent dans les villages où toutes les équipes peuvent vérifier le futur lieu de vie de la jeune fille ainsi que faire la connaissance des habitants du village.

Une fois la réunification effectuée, l'ONG assure un suivi avec l'aide des autorités afin de vérifier que l'engagement pris est respecté. 

Malheureusement parfois une réunification est impossible. Ainsi, certaines peuvent rester au centre de longues années... Les plus grandes aident à la gestion des plus petites, chacune a son rôle à jouer. 

Depuis la création du centre de transit, 1 246 victimes y ont été hébergées. 1 246 destins changés, 1 246 jeunes filles qui seraient toujours à la rue si Cavoequiva n'avait pas croisé leurs routes. Sur ces 1 246 jeunes filles, 980 ont pu être réunies avec leurs familles. Je ne sais pas vous, mais nous on est sacrément content.es chez Jho de savoir que des personnes sont là pour se préoccuper d'elles. Coline nous donne un aperçu de la vie dans le foyer.

"Quand on est revenu le dimanche, jour où les filles n'ont pas d'activités de classe, elles étaient toutes dans leur salle de jeu à l'extérieur. Certaines se reposaient, d'autres parlaient entre elles et d'autres avaient mis de la musique et dansaient avec une énergie impressionnante ! Elles rigolaient, s'amusaient, elles étaient redevenues des petites filles insouciantes pendant quelques heures"  

Aujourd'hui, 58 filles vivent à temps plein dans le centre, dont un bébé de 7 mois. 43 filles y vivent partiellement, elles sont scolarisées à l'orphelinat dans une ville voisine et reviennent durant les vacances scolaires. 

Sur ces 58 jeunes filles, 4 sont scolarisées dans des écoles autour. Les autres bénéficient d'ateliers d'alphabétisation. Toutes ont des activités jeux, bricolage, cuisine... Une infirmerie est en place deux matinées par semaine, pour soigner les petits bobos, poser un diagnostic et envoyer à l'hôpital si besoin. 

Les filles peuvent suivre une formation professionnelle de couture, ce qui leur donnera une possibilité de quitter Cavoequiva en étant indépendantes lorsqu'une réunification est impossible. 

Si vous voulez les aider, en plus d'acheter des produits Jho, vous pouvez faire un don sur leur site internet: https://ongcavoequiva.org/.

Ils ont besoin d'aide financière pour les recherches qui demandent parfois d'aller dans des villages reculés, à plusieurs jours de route d'Abidjan, ce qui engendre des frais importants. Il y a également la nourriture, les frais de santé, le loyer, l'électricité, les fournitures scolaires ...